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[ Portrait de journaliste culinaire ] Raphaele Marchal

 

 

Newtable a rencontré Raphaële Marchal, une chroniqueuse, auteure, journaliste culinaire, et animatrice qui a plus d'un tour dans son sac !



Titre de l'article Peux-tu nous en dire plus sur toi ?

Je m'appelle Raphaële, j'ai 29 ans. Actuellement je suis chroniqueuse pour l'émission William à Midi sur C8, pigiste pour les magazines Fou de Pâtisserie et Fou de Cuisine, le magazine Elle et occasionnellement Mint, un magazine food & voyage gratuit. En plus de ça j'écris des livres. Je suis aussi animatrice de festivals culinaires, notamment le festival Omnivore en septembre, où je vais animer la Scène Sucrée. Je n'ai toujours pas trouvé de terme approprié à mon métier car je suis à la fois chroniqueuse, auteure, journaliste culinaire, et animatrice ! J'ai même été professeure de communication en gastronomie pendant deux ans !
Au départ, j'ai commencé par des piges pour le Fooding et les magazines Fou de Pâtisserie et Fou de Cuisine. C'est grâce à ces trois premières parutions (que j'ai eues au culot) que l'on m'a proposé d'écrire mon premier livre sur la Pâtisserie, intitulé "À la Folie"... et d'autres ont suivi. Quant à la télévision j'ai d'abord été chroniqueuse  sur MyCuisine, puis sur BFM et maintenant depuis 3 ans sur C8

Comment tout a commencé ?

A 18 ans, je ne savais pas exactement ce que je voulais faire dans la vie mis à part que j'aimais l'univers de la food... Cependant, je n'avais pas encore réalisé qu'il y avait autant de métiers et d'opportunités dans ce domaine. Sur les conseils de mes parents, j'ai donc pris une voie plus classique et suis entrée dans une école de commerce avec un master en entreprenariat, même si à l'époque je ne pensais pas du tout que j'allais monter mon entreprise ! En effet, à la base, je n'ai pas vraiment un caractère à prendre des risques.
Au sein de mon école de commerce, j'ai participé au journal et à une association de cuisine, j'ai également effectué des stages en restauration, chez des traiteurs, en marketing, en gestion de projet... Ainsi à l'issue de mon stage de fin d'études chez Butard Enescot (un célèbre traiteur), j'ai été engagée en tant que chef de projet pendant deux ans. 
En parallèle, pour m'amuser, j'ai créé un blog intitulé "En Rang d'Oignons" en 2014, qui est devenu mon "blaz" même si maintenant je ne l'alimente plus (rires). En 2014 il a gagné le concours de la Mairie de Paris, le Golden Blog Award, qui récompense les meilleurs blogueurs. Grâce à ce tremplin, j'ai été invitée à des voyages de presse, à écrire des articles, à avoir des collaborations (avec le "webzine" du Guide Michelin par exemple), à tourner des vidéos... Et j'ai donc créé mon entreprise en janvier 2016 !
Les premières années ont été compliquées parce que mes revenus n'étaient pas fixes tous les mois, je construisais quotidiennement mon réseau. Mes parents s'en inquiétaient et se demandaient ce que je faisais à part manger (rires) ! Heureusement, depuis quelques années j'ai la chance de jongler entre des missions récurrentes (sur C8, Fou de Cuisine et Fou de Pâtisserie) et des actions ponctuelles comme des animations, des collaborations interprofessionnelles avec des artisans (des pêcheurs, des vignerons... ), mais jamais avec des marques. 

Un conseil pour ceux qui veulent se lancer dans la même carrière ?

Ma réponse est toujours la même : "il n'y a pas de parcours type". J'ai fait des études pour rassurer mes parents, mais je ne suis pas certaine que mes cours me servent aujourd'hui dans mon métier. En revanche, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui ont bien voulu m'embaucher alors que je n'avais pas suivi d'école de journalisme. Murielle et Julie de Fou de Pâtisserie et de Fou de Cuisine ont eu beaucoup de culot de m'employer ! A l'époque, elles ont même reçu des mails anonymes de "vrais journalistes" qui se plaignaient du fait que je sois seulement "blogueuse".  Leur réponse ? "Pus on recevra des plaintes, plus on te donnera des piges, ça leur fera les pieds !" (rires). Quelle chance d'avoir croisé la route de ces "mamans protectrices" avec qui je garde une relation très précieuse. La conclusion de cette histoire est que ce n'est pas grave de ne pas avoir effectué une école de journalisme, il faut juste sentir le ton des papiers pour lesquels on postule et tenter sa chance ! 

Comment se passe une semaine dans ton quotidien ?

J'ai deux types de journées. 
Depuis trois saisons, je suis en plateau deux fois par semaine (mardi et jeudi) sur C8 pour l'émission "William à Midi" . Une de ces deux interventions est accompagnée d'un reportage tourné en amont partout en France : il peut porter sur ma rencontre avec un éleveur de vaches laitières pour du fromage, un pêcheur de coquilles St-Jacques, des glaces, un maraîcher qui cultive des mirabelles... Tous les sujets food tant que ça ne concerne pas l'alcool ! Sur ces deux jours, je cale souvent le matin des rendez-vous professionnels dans un café de Montmartre. Ensuite, je me rends donc sur plateau de C8 pour le maquillage / coiffage / habillage. Le direct s'effectue de 12h45 à 14h. Puis, je reste généralement au studio pour monter le dernier reportage effectué, prendre de l'avance, écrire les prochaines chroniques, réfléchir à de nouvelles idées etc. J'en profite aussi pour écrire pour Fou de Pâtisserie, Fou Cuisine ou pour Elle... Et le soir, je sors dîner pour finir en beauté la journée !
Le mercredi, j'en profite pour faire du sport, répondre aux mails et l'après-midi j'écris encore... Le vendredi, comme mon amoureux n'habite pas à Paris, je prends souvent le train le matin pour le rejoindre car on travaille ensemble. Cette journée je la passe à écrire pour différents journaux, finir de caler les tournages, répondre aux mails etc. 
Le week-end je profite évidemment de mes proches. Si je passe le week-end à Paris, je ne me lasse jamais des bons repas (rires) que ce soit au restaurant entre copains, des brunchs, des dîners à la maison... Je vais aussi au yoga et au cinéma car j'adore ça ! Bien sûr certains week-ends je travaille car j'ai du boulot à rattraper ou des rendez-vous : notamment le dimanche avec les Chefs qui ne sont pas disponibles autrement. 

Et malgré ce planning chargé, tu arrives à profiter d'un temps libre ?

Oui ! On ne m'entendra jamais dire "je bosse comme une dingue, je commence à 6h et finis ma journée à minuit !" Certes j'adore ce que je fais et je travaille beaucoup : d'ailleurs quand le confinement a été annoncé je me demandais comment j'allais pouvoir rester chez moi sans travailler... Heureusement, j'écris beaucoup (dont mon prochain livre), ce que je peux faire depuis chez moi. Néanmoins, je tiens à préserver mes "moments feignasses" : c'est important pour mon équilibre de passer des soirées à regarder des séries, d'aller dîner chez des amies ou de partir en week-end... et je parviens à ne plus culpabiliser ! 

Y a-t-il une chose que tu faisais au début que tu ne fais plus maintenant ?

Oui, au début je m'étais mise en tête que pour devenir une journaliste culinaire respectée, il fallait que je montre que j'avais très bon appétit ! Je prenais donc systématiquement les plats les plus riches (la tête de veau, les rognons, le baba au rhum etc.). Je ne voulais pas passer pour la "petite meuf "qui ne mange que du poisson. Pendant deux ans, je me suis donc "auto-gavée". J'ai mis du temps à comprendre que manger ce qui me plaisait sur le coup ne me rendrait pas moins crédible. J'aime évidement toutes ces bonnes recettes, mais je reste humaine et parfois j'ai simplement envie d'un plat plus léger ! Pour l'anecdote, je suis allée récemment déjeuner au Café de la Nouvelle Mairie avec Romain Raimbault - le nouveau patron du festival Omnivore - qui me fait l'honneur de me nommer en tant qu'animatrice pour la Scène Sucrée. Dans ce restaurant, le plat signature est la "saucisse purée" et le plat du jour, le "boudin noir et purée de potimarron". Il y a trois ans j'aurais pris l'un des deux plats sans hésiter, mais j'ai changé et j'ai opté pour la truite. Romain a ri et m'a avoué : "tu me rassures, parce que je m'inquiétais pour toi, tu mangeais trop !".

As-tu une anecdote sur tes débuts à nous raconter ?

Pour mon premier livre À la Folie aux éditions Tana sorti en 2017, Marie Baumann - l'éditrice - m'a contactée sur Facebook en 2016 avec les mots suivants "ON va sortir un livre sur la pâtisserie à la rentrée prochaine, est-ce qu'on peut se rencontrer à ce sujet ?". J'étais à mes débuts et selon moi, elle souhaitait simplement avoir accès à mon carnet d'adresses de Chefs (et en aucun cas que j'en sois l'auteure du livre). Je suis donc allée au rendez-vous les mains dans les poches !Lors du rendez-vous, Marie me donne des détails sur le livre, me demande combien de recettes je souhaite voir apparaître, me fait une proposition de contrat etc. Je trouve cela étrange car je n'avais pas l'habitude qu'on m'inclut autant et que l'on me paie pour mon carnet d'adresses. Je finis par comprendre le malaise et lui demande : "mais en fait, c'est quoi le plan ?". Lorsqu'elle me répond "bah que vous soyez l'auteure du livre !", je tombe des nues et je pose la seule question qui me vient à l'esprit : "est-ce qu'il y aura mon nom sur la couverture ?" (rires). A la suite du rendez-vous, j'ai immédiatement appelé ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle me demande si j'avais posé des questions sur la deadline, les photos, les recettes... ce que j'avais totalement zappé, seul mon nom sur la couverture m'importait ! (rires). 

Et si nous parlions de Paris maintenant, peux-tu nous donner tes adresses préférées... Pour un bon apéro entre amis ?

Pour de bonnes assiettes à partager entre copains avec du bon vin, je dirais Coup d'Oeil (Paris 11ème) qui propose des produits bien assemblés, et des vins naturels. Pour une tablée de 4 à 6 personnes c'est vraiment sympa !

... En famille ?

Je dirais le Tagine (Paris 11ème), pour partager un gros couscous - tajine en famille : c'est quand même la meilleure des ambiances pour un bon repas !

... Et en amoureux ?

Je dirais le Maquis (Paris 18ème) : un bistrot trop mignon où règne une ambiance très animée; je conseille l'apéro au comptoir et le dîner ensuite sur une petite table de 2. 

Quelle est ta dernière découverte culinaire à Paris ?

C'est Chantoiseau (Paris 18ème)! Il a été ouvert par des anciens du Servan (Paris 11ème), et c'est vraiment exceptionnel. J'avais d'ailleurs réservé une table pour hier, et ça m'a fait tout drôle de recevoir le mail automatique intitulé "comment votre repas s'est passé ?". J'ai alors réalisé de quoi ma vie aurait été faite si le confinement n'avait pas eu lieu : une sensation très étrange !

Quelle est l'expérience culinaire la plus marquante que tu aies eu à Paris ?

Sans aucun doute Ne/So de Guillaume Sanchez (Paris 9ème). J'ai une vraie attirance pour les restaurants d'expérience, comme Enigma, Noma... des restaurants d'inspiration scandinave. En France on est très centrés sur l'assiette, alors qu'il n'y a pas que ça ! Selon moi, une expérience doit comprendre tous les sens. Guillaume l'a compris et se sert de beaucoup de méthodes de conservation, comme la fermentation. Il concocte une cuisine vraiment à part. A chaque fois que je dîne chez Ne/So, je ressens ou j'apprends quelque chose. En sortant, je me sens plus alerte et plus riche de savoir qu'une table peut emmener au-delà de la cuisine !

Grâce à tes nombreuses expériences en gastronomie, est-ce qu'il y a selon toi, un élément inévitable à avoir dans les restaurants d'aujourd'hui ?

Aujourd'hui, un restaurant ne peut pas être pris au sérieux s'il n'a pas un engagement envers la survie d'un modèle paysan vertueux et sur l'absence d'intermédiaire entre les producteurs et la table. Le restaurant de demain sera associé à une ferme à 90% et s'auto-suffira en légumes, en herbes et idéalement en oeuf, en viande, en volaille... en travaillant main dans la main avec des producteurs régionaux. Cette sensibilité envers les hommes qui travaillent au quotidien pour de bons produits et qui respectent la nature est essentielle, il faut les inviter dans l'aventure ! Avant de sortir son couteau, on a besoin de produits vivants et honnêtes, sans ça, on ne peux pas faire grand chose.

Est-ce qu'il y a une tendance qui commence à se détacher dans le monde de la gastronomie selon toi ?

Ce que je trouve génial depuis quelques années, c'est que les restaurants - qu'ils soient gastronomiques, bistronomiques, bistrots ou expérimentaux - proposent désormais tous une option végétale, aussi bien travaillée qu'un plat autour de la viande. La connotation négative "bobo végan healthy" disparaît petit à petit et on se rend compte que manger un plat végétal s'avère tout aussi savoureux qu'un plat "classique". Le végétal est très intéressant à travailler !Aujourd'hui, on n'a plus besoin d'aller dans un restaurant végétarien : on peut s'installer dans n'importe quel restaurant et hésiter entre un plat entièrement végétal, du canard ou un bon poisson, parce qu'ils ont tous été cuisinés avec la même attention. Le choix se fait dorénavant à table et non en amont. Je ne peux pas vraiment appeler ça "une tendance", mais cette approche entre les protéines animales et végétales est essentielle.

Quelles ont été tes destinations les plus inspirantes gustativement parlant ?

J'ai pris une grosse claque à Bangkok. Je rêvais d'aller dîner chez Gaggan - le 4ème meilleur restaurant du monde - depuis des années, et ça a été la plus grande expérience de ma vie, avec le restaurant Frantzén en Suède. Ce qui est extraordinaire à Bangkok - et j'imagine ailleurs en Thaïlande - c'est que la street-food est tout aussi qualitative qu'un excellent restaurant. Que vous mangiez dans un boui-boui un plat de nouilles à 3€ ou un met raffiné à Gaggan ce sera tout aussi délicieux ! Si on ne veut pas partir trop loin, je dirais aussi la Belgique : ce pays a vraiment de quoi faire saliver. Les belges ont un réel engagement pour le terroir, l'agriculture et la saisonnalité des produits. C'est un peu comme un nouveau Copenhague !

Vous pouvez retrouver Raphaële Marchal sur les réseaux sociaux @enrangdoignons ou sur C8, le mardi et jeudi à 12h45, et bientôt son nom sera inscrit sur un tout nouveau livre ! Je ne sais pas vous, mais nous... on a hâte !


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