Quel est votre parcours ?
J’ai commencé à travailler dans le digital en 1999 : je n’ai travaillé que pour des "pureplayers" (entreprises œuvrant uniquement sur Internet) et quelques start-ups. J’ai eu la chance de travailler dans les domaines les plus "disruptés" (qui bénéficie d'un changement complet de manière à redéfinir les standards) du marché, comme les enchères avec eBay ou le voyage (avant, on achetait son voyage via une agence et non par internet). Un des marchés qui n’avait pas été "disrupté" c’était l’alimentaire, et nous y voilà !
Quelle est l’histoire de Pourdebon.com ?
C’est parti d’une rencontre avec les dirigeants de Chronopost en 2014, suite à une levée de fonds pour une start-up. Ils m’ont parlé de leur volonté de se lancer dans le transport alimentaire pour livrer des produits frais de nos terroirs aux particuliers. Ils se posaient la question de la manière de se développer à travers le digital, et se faire connaître du grand public. Comme je venais du milieu des places de marché (application web commerciale fournissant, via des tiers, des biens ou services), je connaissais déjà le terrain. La logistique est le nerf de la guerre. Ils avaient donc tout intérêt à créer une grosse place de marché qui fédérait l'ensemble des produits de petits producteurs locaux puis s'occuper de la livraison. Au fil des discussions, ils m’ont proposé de mener ce projet, en intégrant leurs bureaux et en étant financé. J'ai toujours été bercé par les bons produits du terroir - notamment grâce à mon grand-père - et attentif à une alimentation plus saine avec de meilleures habitudes de consommation : ce projet était donc fait pour moi et ma fibre collaborative.
Pour ce faire, je me suis entouré d’une petite équipe, ainsi que de Cyril Schwartz, mon associé et collaborateur. De 2015 à 2016 nous avons monté la marque, son identité et développer le B to C (business tourné vers les particuliers). Un nouveau partenaire est arrivé avant le lancement :
Webédia ( entreprise spécialisée dans les médias en ligne, comme Allociné, 750gr, l’Académie du Goût, ...) pour aider à financer le projet. Aujourd’hui cela fait trois ans que nous nous sommes lancés et nous avons eu une très belle croissance jusqu’à présent, sans parler de la période de confinement qui a accéléré notre croissance ! Cela fait maintenant 5 ans que toute l’équipe croit énormément au projet. Nous mettons en avant de vrais bons produits fabriqués par des producteurs passionnés et les consommateurs se tournent de plus en plus vers le «mieux manger». C'est très encourageant !
Comment sélectionnez-vous les produits que vous mettez sur le site ?
Deux personnes de l’équipe sourcent et sélectionnent les producteurs selon des critères stricts de qualité sur leurs produits : des critères aussi bien officiels comme le bio ou les appellations AOP et AOC, des médailles et bien sûr nous nous intéressons aux producteurs, à leur savoir-faire, à l'authenticité de leur produit et toute la transparence de la chaîne. Nous n'oublions pas non plus les notions de durabilité, de respect de la nature et de l’animal ainsi que les méthodes de production (permaculture, élevage extensif, etc.).
Une fois qu’un producteur est sélectionné, il passe par des démarches administratives pour lesquelles ils sont accompagnés par notre équipe. Ensuite, nous procédons à la séance de photos/vidéos du producteur, nous écoutons son histoire et nous faisons le point sur ce qu'il veut vendre sur le site Pourdebon.com.
Pour les prix, c’est le producteur qui décide. Nous fonctionnons avec un modèle transparent donc les consommateurs comme les producteurs connaissent la commission sur la transaction que nous appliquons. Tous sont logés à la même enseigne, du petit producteur au début de son activité au "gros producteur" très renommé. Si un produit est vendu sur le site, le producteur gagne et nous gagnons, s’il n’y a pas de vente, tout le monde est perdant !
Quant à la logistique (commandes et livraisons), c’est nous qui nous en occupons en nous adaptant à leur emploi du temps.
Sur le site Pourdebon.com vous avez également un blog, à quoi sert-il ?
Cela nous permet de raconter plein de choses sur les produits et sur des thèmes qui nous tiennent à coeur : les histoires plus détaillées de nos producteurs ou des recettes par exemple. Le blog a également un rôle pédagogique. Beaucoup de nos clients sont des experts en matière d'alimentation, ils savent ce qu’ils veulent consommer et sont très informés sur la qualité des produits. Mais nous voulons aussi rendre ces connaissances accessibles à tous, pour que nos nouveaux clients - peut-être moins expérimentés - puissent en apprendre davantage sur ce qu’ils sont amenés à manger.
Une semaine avec Nicolas Machard, à quoi cela ressemble ?
Tous les lundis, nous relevons tous les compteurs de la semaine passée avec une analyse fine de la data et des leviers marketing, pour savoir ce qui se vend, ce qui fonctionne bien (ou moins bien). L’après-midi c’est le pilotage commerciale avec Mathilde et Justine, qui sont chargées du recrutement des producteurs. Le mardi est essentiellement dédié au marketing digital. Le mercredi, je suis avec l’équipe de développement dont Cyril, qui est le directeur opérationnel et qui s'occupe également du service client. Ma journée du jeudi se dessine en fonction de ce qui s’est passé les trois jours précédents, mais généralement je m’occupe de la partie contenu : le blog et la newsletter avec l'aide de Marine. Je suis souvent multitâche le vendredi : j’aide les services qui ont besoin de renfort. Avec le confinement c’est un peu différent (rires). En ce moment, je traite tous mes mails et ensuite j’aide l’équipe qui gère le service client à répondre aux (très) nombreuses demandes.
Avez-vous vu une évolution comportementale depuis le début de Pour de Bon ?
Depuis le début de notre activité nous avons une clientèle très experte - comme dit précédemment - mais avec la forte affluence, une clientèle plus «mainstream» (grand public) fait son apparition avec moins de connaissances sur le sujet. Ils sont plus critiques sur les prix et ne comprennent pas toujours pourquoi la viande n’est pas à 20€ le kg comme au supermarché. C’est là que le travail d’éducation prend toute son importance ! Nous sentons qu’il y a une réelle prise de conscience.
Comment envisagez-vous la fin du confinement ?
Nous avons une clientèle assez âgée qui aime commander de bons produits. Malheureusement ce sont ces personnes à qui il est conseillé de rester confinées plus longtemps que les autres... Il vont donc probablement continuer de se faire livrer nos produits. Nous nous attendons évidemment à une diminution de l’activité car une partie de notre clientèle va retourner à ses anciennes habitudes, mais nous espérons que d'autres vont acquérir de nouvelles habitudes à nos côtés. Cette baisse de commandes sera sûrement lissée entre les personnes restant confinées et nos nouveaux fidèles. Je suis certain qu’il y aura un avant et un après avec une prise de conscience collective sur l’importance de manger de bons produits sains et frais.
Avez-vous une anecdote à nous raconter ?
J’ai énormément d’histoires de nos producteurs à raconter, mais si je devais en choisir une je raconterais celle de Jardin des Gallines. Avant d’être productrice, Isabelle était chercheuse au CNRS, elle a passé une quinzaine d’années dans les laboratoires accompagnée de ses tubes à essai. Du jour au lendemain, elle a tout arrêté pour acheter un corps de ferme et se lancer dans la production bio maraîchère. Son mari - un ancien boucher - s’est mis à l’élevage de volailles. Ils ont aujourd'hui une polyculture et sont revenus à un rythme de vie plus modeste. Ils travaillent 7 jours sur 7 non pour l’argent mais pour l’amour du bon produit. Cette rencontre a été l’une des premières aussi intense chez Pour de bon. Je garde une très bonne relation avec eux : ils vont rentrer au Collège Culinaire de France et ont rencontré un tel succès sur notre site que nous avons été obligés d'imaginer un développement spécifique pour ralentir les ventes afin qu’ils puissent suivre !
Selon vous, quel produit choisir pour...
... Un dîner en amoureux ?
Des coquilles Saint-Jacques, en carpaccio ou cuisinées très simplement.
... Un apéritif entre amis ?
Des rillettes et du saucisson de canard !
... Un repas en famille ?
Une grosse volaille du Jardin des Gallines ou de la Ferme Grandvillain, avec de bonnes pommes de terre de la Maison Bayar, des carottes et tomates !
Quelques questions auxquelles il faut répondre du tac au tac pour conclure l’interview :
Une envie salée ? Des rillettes de canard
Un livre de chevet ? Magellan, de Stefan Zweig
Une personne qui vous inspire ? Sergei Brin, le fondateur de Google
Une philosophie ? "Un esprit sain dans un corps sain"
Une destination ? Madagascar, sans hésitation
Retrouvez tous les bons produits sur le site Pourdebon.com !
Un grand merci à l'Agence
14 Septembre pour sa complicité.
Cliquez juste en dessous pour retrouver les histoires des producteurs présents sur le site, à l'occasion de la Journée de la Terre !
Portraits de producteurs
